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Simenon, Georges - Liberty Bar

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Название:
Liberty Bar
Автор
Издательство:
неизвестно
ISBN:
нет данных
Год:
неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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345
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Simenon, Georges - Liberty Bar

Simenon, Georges - Liberty Bar краткое содержание

Simenon, Georges - Liberty Bar - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки mybooks.club

Cela commença par une sensation de vacances. Quand Maigret descendit du train, la moitié de la gare d'Antibes était baignée d'un soleil si lumineux qu'on n'y voyait les gens s'agiter que comme des ombres. Des ombres portant chapeau de paille, pantalon blanc, raquette de tennis. L'air bourdonnait. Il y avait des palmiers, des cactus en bordure du quai, un pan de mer bleue au-delà de la lampisterie. Et tout de suite quelqu'un se précipita. - Le commissaire Maigret, je pense ? Je vous reconnais grâce à une photo qui a paru dans les journaux... Inspecteur Boutigues...


Boutigues ! Rien que ce nom-là avait l'air d'une farce ! Boutigues portait déjà les valises de Maigret, l'entraînait vers le souterrain. Il avait un complet gris perle, un œillet rouge à la boutonnière, des souliers à tiges de drap. - C'est la première fois que vous venez à Antibes ?


[http://www.amazon.fr/Maigret-Liberty-Bar-Georges-Simenon/dp/2253142522](http://www.amazon.fr/Maigret-Liberty-Bar-Georges-Simenon/dp/2253142522)


Liberty Bar читать онлайн бесплатно

Liberty Bar - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— Je parie que je vais tomber malade… Si ! je le sens… Comme il y a trois ans, quand des marins se sont battus juste en face de chez moi… Il y en avait un qui avait reçu un coup de rasoir et qui…

Elle était debout. Elle regardait autour d’elle, cherchant quelque chose, puis oubliant ce qu’elle cherchait.

— Vous avez mangé, vous ?… Venez !… On va prendre quelque chose…

Maigret la précédait dans l’escalier, la voyait se diriger vers le fourneau, y mettre du charbon, tourner une cuiller dans une casserole.

— Quand je suis seule, je n’ai pas le courage de cuisiner… Et quand je pense que Sylvie est en ce moment…

— Dites donc, Jaja !

— Quoi ?

— Qu’est-ce qu’elle vous a dit, Sylvie, cet après-midi, pendant que j’étais dans le bar à servir un client ?

— Ah ! oui !… Je lui demandais ce que c’était les vingt mille… Alors elle répondait qu’elle ne savait pas, que c’était une combine de Joseph…

— Et ce soir ?

— Quoi, ce soir ?

— Quand vous êtes allée la voir au poste…

— C’est toujours la même chose… Elle se demande ce que Joseph a bien pu fricoter…

— Il y a longtemps qu’elle est avec ce Joseph ?

— Elle est avec lui sans être avec lui… Ils ne vivent pas ensemble… Elle l’a rencontré quelque part, sans doute aux courses, en tout cas pas ici… Il lui a dit qu’il pouvait lui rendre des services, lui amener des clients… Évidemment, avec son métier !… C’est un garçon qui a de l’instruction, de l’éducation… N’empêche que je ne l’ai jamais aimé…

Dans une casserole, il y avait un reste de lentilles que Jaja versa dans une assiette.

— Vous en voulez ?… Non ?… Servez-vous à boire… Moi, je n’ai plus le courage de rien… Est-ce que la porte de devant est fermée ?…

Maigret s’était assis à califourchon, comme l’après-midi. Il la regardait manger. Il l’écoutait parler.

— Vous comprenez, ces gens-là, surtout ceux des casinos, ont des combinaisons trop compliquées pour nous… Et, dans l’histoire, c’est toujours la femme qui se fait prendre… Si Sylvie m’avait écoutée…

— De quelle mission Joseph vous a-t-il chargée ce soir ?

Elle fut un moment à avoir l’air de ne pas comprendre, à rester la bouche pleine en regardant Maigret.

— Ah ! oui !… Pour le fils…

— Qu’est-ce que vous êtes allée lui dire ?

— Qu’il s’arrange pour les faire relâcher, sinon…

— Sinon quoi ?

— Oh ! je sais bien que vous ne me laisserez pas tranquille… Mais vous reconnaîtrez que je n’ai jamais été méchante avec vous… Je fais tout ce que je peux, moi !… Je n’ai rien à cacher.

Il devina la cause de cette volubilité, de cette voix geignarde.

En chemin, Jaja s’était arrêtée dans quelques bistrots, pour se donner du courage !

— D’abord, c’est toujours moi qui ai retenu Sylvie, et qui l’ai empêchée de se mettre tout à fait avec Joseph… Puis, quand tout à l’heure j’ai compris qu’il y avait quelque chose…

— Eh bien ?

Ce fut plus comique que tragique. Tout en mangeant, elle se mit à pleurer ! Et c’était un spectacle grotesque que celui de cette grosse femme en peignoir mauve, devant son plat de lentilles, pleurnichant comme un gosse.

— Ne me bousculez pas… Laissez-moi penser !… Si vous croyez que je m’y retrouve… Tenez ! Donnez-moi à boire…

— Tout à l’heure !

— Donnez-moi à boire et je dirai tout…

Il céda, lui versa un petit verre d’alcool.

— Qu’est-ce que vous voulez savoir ?… Qu’est-ce que je disais ?… J’ai vu les vingt mille francs… Est-ce que c’est William qui les avait dans sa poche ?…

Maigret devait faire un effort pour garder sa lucidité car, petit à petit, un décalage se faisait, peut-être en partie à cause de l’atmosphère, mais davantage à cause du discours de Jaja.

— William…

Il comprit soudain ! Jaja avait cru que les vingt mille francs avaient été volés à Brown au moment de l’assassinat !

— C’est ce que vous avez pensé tout à l’heure ?

— Je ne sais plus ce que j’ai pensé… Tenez ! Voilà que je n’ai plus faim… Vous n’avez pas de cigarettes ?

— Je ne fume que la pipe.

— Il doit en rester quelque part… Sylvie en avait toujours…

Et elle cherchait en vain dans les tiroirs.

— Est-ce qu’on les met toujours en Alsace ?

— Qui ?… Quoi ?… De quoi parlez-vous ?…

— Des femmes… Comment cela s’appelle-t-il encore ?… La prison de… Cela commence par Hau… De mon temps…

— Quand vous étiez à Paris ?

— Oui… On ne parlait que de cela… Il paraît que c’est tellement sévère que les prisonnières essaient toutes de se suicider… Et j’ai encore lu il n’y a pas bien longtemps dans le journal qu’il y a même des condamnées de quatre-vingts ans… Il n’y a plus de cigarettes… Sylvie a dû les emporter…

— C’est elle qui a peur d’aller là-bas ?

— Sylvie ?… Je ne sais pas… J’ai pensé à cela dans l’autobus, en revenant… Il y avait une vieille femme devant moi et…

— Asseyez-vous…

— Oui… Il ne faut pas faire attention… Je n’en peux rien… Je ne suis bien nulle part… Qu’est-ce qu’on disait ?…

Et, avec une expression d’angoisse dans les yeux, elle se passait la main sur le front, faisait tomber sur sa joue une mèche de cheveux roussâtres.

— Je suis triste… Donnez-moi à boire, dites !…

— Quand vous m’aurez dit ce que vous savez…

— Mais je ne sais rien du tout !… Qu’est-ce que je saurais ?… J’ai d’abord vu Sylvie… Et encore ! le flic est resté à côté de moi, à écouter ce que nous disions… J’avais envie de pleurer… Sylvie m’a dit tout bas en m’embrassant que c’était la faute de Joseph…

— Puis vous avez vu celui-ci ?

— Oui… Je vous l’ai déjà dit… Il m’a envoyée à Antibes pour prévenir Brown que si…

Elle cherchait ses mots. On eût dit qu’elle avait de soudaines absences, à la façon de certains ivrognes. À ces moments-là, elle regardait Maigret avec angoisse, comme si elle eût éprouvé le besoin de se raccrocher à lui.

— Je ne sais plus… Il ne faut pas me torturer… Je ne suis qu’une pauvre femme… J’ai toujours essayé de faire plaisir à tout le monde…

— Non ! Un instant…

Maigret lui reprenait des mains le verre qu’elle venait de saisir, car il prévoyait le moment où, ivre morte, elle s’endormirait.

— Harry Brown vous a reçue ?

— Non… Oui… Il m’a dit que s’il me retrouvait sur son chemin, il me ferait mettre sous clé…

Et soudain, triomphante :

— Hossegor !… Non !… Hossegor, c’est autre chose… C’est dans un roman… Haguenau… Voilà !…

C’était le nom de la prison dont elle avait parlé auparavant.

— Il paraît qu’elles n’ont même pas le droit de parler… Est-ce que vous croyez que c’est vrai ?…

Jamais elle n’avait donné à Maigret une pareille impression d’inconsistance. À ce point qu’à certains moments on pouvait se demander si elle ne retombait pas en enfance.

— Il est évident que, si Sylvie est complice, elle ira à…

Alors, plus que jamais, et plus vite, elle se mit à parler, et des roseurs de fièvre montèrent à ses joues.

— Ce soir j’ai quand même compris bien des choses… Les vingt mille francs, maintenant, je sais ce que c’est… C’est Harry Brown, le fils de William, qui les a apportés pour payer…

— Pour payer quoi ?

— Tout !

Et elle le regardait avec un air de triomphe, de défi.

— Je ne suis pas si bête que j’en ai l’air… Quand le fils a su qu’il existait un testament…

— Pardon ! Vous connaissiez ce testament ?

— C’est le mois dernier que William nous en a parlé… On était ici tous les quatre…

— C’est-à-dire lui, vous, Sylvie et Joseph…

— Oui… On avait bu une bonne bouteille, parce que c’était l’anniversaire de William… Et on parlait d’un tas de choses… Quand il avait bu, il racontait des choses sur l’Australie, sur sa femme, son beau-frère…

— Et qu’est-ce que William a dit ?

— Qu’ils seraient tous bien farcis à sa mort ! Il a tiré le testament de sa poche et il nous en a lu une partie… Pas tout… Il n’a pas voulu lire le nom des deux autres femmes… Il a annoncé qu’un jour ou l’autre il le déposerait chez un notaire…

— Il y a un mois de cela ! Est-ce que, à ce moment, Joseph connaissait Harry Brown ?

— Avec lui, on ne sait jamais… Il connaît beaucoup de monde, à cause de sa profession…

— Et vous croyez qu’il a averti le fils ?

— Je ne dis pas ça ! Je ne dis rien… Seulement, on ne peut pas s’empêcher de penser… Voyez-vous, ces gens riches-là, ça ne vaut pas mieux que les autres… Alors, supposez que Joseph soit allé lui raconter tout… Le fils Brown, avec l’air de rien, dit que ça lui ferait plaisir d’avoir le testament… Mais, comme William pourrait en écrire un autre, il vaudrait mieux que William soit mort aussi…

Maigret n’y prit garde. Elle s’était servi à boire. Il était trop tard pour l’empêcher de vider son verre. Le commissaire, quand elle poursuivit, reçut au visage une affreuse haleine saturée d’alcool.

Et elle se penchait ! Elle se rapprochait de lui ! Elle prenait des airs mystérieux, importants !

— … Mort aussi !… C’est bien ça que je disais ?… Alors, on parle d’argent… Pour vingt mille francs… Et peut-être encore vingt mille autres qui auraient été versés après… On ne sait jamais… Je dis ce que je pense… Parce que ces choses-là ne se paient jamais en une fois… Quant à Sylvie…

— Elle ne savait rien ?

— Puisque je vous affirme qu’on ne m’a rien dit !… Est-ce qu’on n’a pas frappé à la porte ?…

Elle était raidie soudain par la peur. Pour la rassurer, Maigret fut obligé d’aller entrouvrir l’huis. Quand il revint, il s’aperçut qu’elle en avait profité pour boire à nouveau.

— Je ne vous ai rien dit… Je ne sais rien… Vous comprenez ?… Je suis une pauvre femme, moi ! Une pauvre femme qui a perdu son mari et qui…

Et voilà qu’elle éclatait à nouveau en sanglots, ce qui était plus pénible encore que tout le reste.

— D’après vous, Jaja, qu’est-ce que William aurait fait ce jour-là entre deux et cinq heures ?

Elle le regarda sans répondre, sans cesser de pleurer. Pourtant ses sanglots étaient déjà moins sincères.

— Sylvie était partie quelques instants avant lui… est-ce que vous ne croyez pas qu’ils auraient pu, par exemple…

— Qui ?

— Sylvie et William…

— Qu’ils auraient pu quoi ?

— Je ne sais pas, moi !… Se rencontrer quelque part… Sylvie n’est pas laide… Elle est jeune… Et William…

Il ne la quittait pas des yeux. Il poursuivit avec une indifférence feinte :

— Ils se retrouvent quelque part, où Joseph les guette et exécute son coup…

Elle ne dit rien. Par contre, elle regarda Maigret en fronçant les sourcils, comme si elle faisait un violent effort pour comprendre. Et cet effort s’expliquait. Elle avait les yeux troubles et ses pensées devaient, elles aussi, manquer de netteté.

— Harry Brown, mis au courant de l’histoire de testament, commande le crime… Sylvie attire William à un endroit propice… Joseph fait le coup… Ensuite, Harry Brown est invité à verser l’argent à Sylvie, dans un hôtel de Cannes…

Elle ne bougeait pas. Elle écoutait, sidérée, ou abrutie.

— Joseph, une fois pris, vous envoie dire à Harry que, s’il ne le fait pas libérer, il parlera…

Elle cria littéralement :

— C’est cela !… Oui, c’est cela…

Elle s’était levée. Elle haletait. Et elle semblait partagée entre le besoin de sangloter et celui d’éclater de rire.

Tout à coup, elle se prit la tête à deux mains, d’un geste convulsif, mit ses cheveux en désordre, trépigna.

— C’est cela !… Et moi… Moi… moi qui…

Maigret restait assis, la regardant avec quelque étonnement. Est-ce qu’elle allait piquer une crise de nerfs, s’évanouir ?

— Moi… moi…

Il ne put prévoir le geste. Elle saisit soudain la bouteille, la lança par terre où elle s’écrasa avec fracas.

— Moi qui…

À travers les deux portes, on ne voyait que la lueur d’un réverbère, et l’on entendait le garçon d’en face mettre les volets. Il devait être très tard. On n’entendait plus les tramways depuis longtemps.

— Je ne veux pas, vous entendez ! glapit-elle. Non !… Pas cela !… Je ne veux pas… Ce n’est pas vrai… C’est…

— Jaja !

Mais l’appel de son nom ne la calmait pas. Elle était au summum de la frénésie, et, avec la même brusquerie qu’elle avait mise à saisir la bouteille, elle se baissa, ramassa quelque chose, cria :

— Pas Haguenau… Ce n’est pas vrai !… Sylvie n’a pas…

De toute sa carrière, Maigret n’avait jamais assisté à un spectacle aussi ignoble. C’était un morceau de verre qu’elle tenait à la main. Et tout en parlant elle s’entaillait le poignet, juste à la place de l’artère…

Elle avait les yeux exorbités. Elle paraissait folle.

— Haguenau… je… Pas Sylvie !…

Un flot de sang gicla au moment où Maigret parvenait enfin à lui saisir les deux bras. Le commissaire en reçut sur la main et sur la cravate.

Pendant quelques secondes, Jaja, ahurie, désemparée, regarda ce sang rouge qui coulait et qui lui appartenait. Puis elle mollit. Maigret la soutint un instant, la laissa glisser par terre, chercha, du doigt, à serrer l’artère.

Il fallait une ficelle. Il regardait, affolé, autour de lui. Il y avait une prise de courant au bout de laquelle se trouvait un fer à repasser. Il l’arracha. Pendant ce temps, le sang coulait toujours.

Il revint enfin vers Jaja, qui ne bougeait plus, et enroula le fil à son poignet, serra de toutes ses forces.

Dans la rue, il n’y avait plus que la lumière du bec de gaz. Le bar d’en face était fermé.

Il sortit, la démarche indécise, se trouva dans l’air tiède de la nuit, se dirigea vers la rue plus éclairée qui s’amorçait à deux cents mètres.

De là, on voyait les rampes lumineuses du Casino, les autos, les chauffeurs groupés près du port. Et les mâts des yachts qui bougeaient à peine.

Un sergent de ville était immobile au milieu du carrefour.

— Un médecin… Au Liberty-Bar… Vite…

— Ce n’est pas la petite boîte qui…

— Oui ! la petite boîte qui ! hurla Maigret avec impatience. Mais vite, nom de Dieu !


X


Le divan

Les deux hommes montaient l’escalier avec précaution, mais le corps était lourd, le passage étroit. Si bien que Jaja, soutenue par les épaules et par les pieds, pliée en deux, heurtait tantôt la rampe, tantôt le mur, tantôt encore frôlait les marches.


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