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Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой

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Название:
Если душа родилась крылатой
Издательство:
-
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-
Год:
-
Дата добавления:
17 сентябрь 2019
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Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой

Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой краткое содержание

Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой - описание и краткое содержание, автор Марина Цветаева, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки mybooks.club
Мы представляем здесь избранные произведения Марины Цветаевой в переводах двух французских поэтов — Анри Делюи и Евы Мальре.Анри Делюи родился в 1931 г. в Марселе. Опубликовал свою первую книгу «Образы» в семнадцатилетнем возрасте. Перевел многих иностранных авторов — голландских, немецких, португальских, чешских, словацких, русских… Его книга «Лирическая обида», посвященная Цветаевой, опубликована в 1992 г. В своих нерифмованных переводах он сумел передать по-французски лихорадочный ритм и лирическое исступление великого русского поэта.Ева Мальре родилась в 1945 г. и ушла из жизни в 1984 г. Она воссоздала настоящую французскую Цветаеву, осуществив то, что хотела сделать сама Цветаева. Ева Мальре познакомила французских читателей с Цветаевой дерзкой и строгой, страстной и рафинированной. Ее восемнадцать переводов стихотворений и поэм Цветаевой составляют вышедший в 1986 г. под редакцией Ефима Эткинда сборник «Попытка ревности», из которого мы взяли шесть поэм. Незадолго до смерти Ева Мальре писала книгу о Цветаевой, которая осталась незавершенной.

Если душа родилась крылатой читать онлайн бесплатно

Если душа родилась крылатой - читать книгу онлайн бесплатно, автор Марина Цветаева

Postface

La meґmoire a des effondrements,
Les yeux sont recouverts de sept taies...
Je ne te vois pas — seґpareґment.
Un trou blanc — a` la place des traits.
Sans indices. Trou, vaste paleur
— Que toi, tout toi! (L’ame n’est que plaies,
Pure plaie.) C’est l’uvre des tailleurs
De marquer les deґtails a` la craie.
Tout le ciel d’un seul tenant s’eґtale.
L’oceґan: des gouttes le remplissent?
Sans indices. Tout entier — speґcial —
Lui! Complice est l’amour, non police.
Pelage d’alezan, de moreau?
Que le voisin le dise: il voit bien.
La passion coupe-t-elle en morceaux?
Et moi, suis-je horloger, chirurgien?
Tu es un cercle entier — pleinement.
Tourbillon — pleinement, bloc entier.
Je ne te vois pas seґpareґment
De l’amour. Signe d’eґgaliteґ.
(Dans les touffes de duvet, la nuit,
— Collines d’eґcume par rafales —
La nouveauteґ eґtrange pour l’ouїe,
Au lieu du «je»: le «nous» impeґrial…)
Mais dans les jours eґtroits, indigents
— «La vie, telle qu’elle est» — en revanche,
Je ne te vois pas conjointement
Avec aucune.
— Meґmoire se venge.

Le poeme de la fin

1

Le poteau sur un ciel rouilleґ,
Doigt hautain.
Lui, posteґ au lieu deґsigneґ;
— Le destin.
Moins le quart. Ponctuel, non? — La mort
N’attend pas.
Exageґreґment de`s l’abord:
Chapeau bas.
Chaque cil d’un deґfi — chargeґ!
Bouche: exclue.
Exageґreґment deґgageґ,
Le salut.
— Moins le quart. Exact, non? Syllabes
Sonnant faux.
Le cur tombe: qu’a-t-il? Signal
Du cerveau!
Ciel des noirs preґsages: acier
Et rouilleur.
Lui, preґsent au lieu familier.
Soir: six heures.
Ce baiser: le`vres de boix! Bien
Insonore!
Tel qu’aux souveraines — la main,
Tel qu’aux morts...
Citoyen se preґcipitant:
Les reins prennent.
Exageґreґment lancinante,
La sire`ne.
Hurlante, ainsi qu’un chien rugit,
— Bruit rageur.
(Exageґration de la vie
Quand on meurt).
Soudain, — ce qui n’est qu’a` mi-corps —
Jusqu’aux astres.
(Exageґreґment, ou encore:
Tout plus vaste).
Mentalement: cher, cher. — Quelle heure?
— Sept, disons.
Au cineґma, ou bien? — Lueur:
«La maison!»

2

Libre fratrie nomade, —
C’est la` qu’on te menait!
C’est l’eґclair, la tornade,
Le sabre — son reflet,
Ce sont les mots en foule
Que d’effroi nous taisons.
C’est la maison qui croule —
Ce mot: maison.
Cri de l’enfant perdu:
Ma maison!
Le tout-petit — son du:
«Ma», «mes», «mon»!
Mon fre`re en aventure,
Ma fie`vre et ma fusion,
On se rue hors des murs,
Et toi — a` la maison!
Cheval ruant rompt l’attache —
Les cimes! — Corde en charpie.
— Mais de maison, pas la trace!
— Si, a` dix me`tres d’ici:
La maison sur la montagne.
— Plus haut, encore? — Au sommet.
Au bord du toit, la mansarde.
— «Qui ne brule pas du fait
De la seule aube?» De`s lors,
Vivre? — Poe`mes, raillez!
Maison, c’est dire: dehors,
Dans la nuit.
(A qui narrer
Ma peine, oh! a` qui ma perte?
L’horreur violaceґe, qui l’ouїt?...)
—Votre reґponse — enfin prete? —
C’est un meґditatif: — oui.

3

Et maintenant — le quai. A l’eau
Je me tiens comme a` un corps dur.
Seґmiramis, ah! ils sont beaux
Tes jardins suspendus, pour sur!
A l’eau — rouleau de minerai
Aux macabres enluminures —
Je me tiens, comme a` son livret —
La cantatrice, comme aux murs
L’aveugle... Prise dans tes froids?
Tu m’entends? — Je me penche (chiche?)
A l’eґtancheuse-en-toute-soif
Je me tiens, comme a` la corniche
Le somnambule...
Peur, mais pas
Due au fleuve — suis neґe naїade!
Prendre le fleuve pour le bras
De l’aimeґ, quand il accompagne,
Fide`le...
Des morts c’est l’octroi!
Oui, mais tous ne vont a` l’aurore...
La mort a` gauche et coteґ droit —
Toi. Mon flanc droit est comme mort.
La lumie`re irradie d’un coup.
Rire a` grelots de bricolage.
«Vous et moi, il faudrait que nous...
(Frisson)... Nous aurons le courage?»

4

La` un brouillard blond transhume,
Vague d’un volant de gaz.
Surchauffeґ, surenfumeґ,
Et surtout — surjacasseґ:
Ce que ca sent? Folle presse,
Combine et copinerie,
Cachotteries de commerce
Ainsi que — poudre de riz.
Ceґlibataires bagueґs,
Jeunes vieillards aduleґs...
Surmoqueґ, surricaneґ,
Et surtout — surcalculeґ!
En liquide et en espe`ces,
Et le bec et la farine.
... Manigances de commerce
Ainsi que — poudre de riz.
(De profil: — ca la`, c’est notre
Maison? — Pas moi la matresse!)
L’un tout a` son cheґquier, l’autre
Au chiqueґ d’un gant glaceґ.
Celui-la` tout doux s’empresse
Pre`s d’un petit pied verni.
... Epousailles de commerce
Ainsi que — poudre de riz.
Brisure d’argent: l’emble`me
De Malte au carreau, — stellaire!
Surcaresseґ, suraimeґ,
Et surtout — surcompresseґ!
Surpinceґ... (Il pue, le reste
De mangeaille: dis merci!)
... Tripotages de commerce
Ainsi que — poudre de riz.
Courte, la chane? En revanche
Pas de l’acier, du platine!
Des troncs machent une tranche
De veau, tremblant de leur triple
Menton. Sur un cou conesque,
Le diable — a` tete d’outil.
... Catastrophe de commerce
Ainsi que — poudre de qui?
Berthold Schwarz...
Un homme doueґ —
Et bienfaiteur de l’entourage.
— Vous et moi, il faudrait que nous
Parlions. — Nous aurons le courage?

5

Mouvement des le`vres. Je sais:
Ne parlera pas le premier.
— Vous ne m’aimez pas? — Mais si je....
— Vous ne m’aimez pas! — Et mineґ,
Et liquideґ, eґlimineґ!
(Regard d’aigle sur les parages)
— Ca — la maison? Vous y pensez?
— La maison est en moi. — Verbiage!
L’amour, c’est de chair et de sang.
Rougi de son sang qui s’eґtale.
L’amour, il vous semble que c’est —
Bavarder derrie`re une table?
Un quart d’heure et chacun se rentre?
Ainsi que ces messieurs et dames?
Amour, cela veut dire...
— Temple?
Petit! Que l’on vous plante lame
Apre`s lame! — Sous l’il braqueґ
Des viveurs? (Et moi, a` l’ eґcart:
«Amour, cela veut dire: arc
Tendu: arc, corde: l’accord craque.»)
— Amour, cela veut dire — lien.
Nous, tout est loin: bouches et vies.
(Pas de mauvais il! — t’ai-je bien
Demandeґ en cette heure intime,
L’heure proche au sommet des monts
Et de la passion. Memoria —
Fumeґe! L’amour, c’est tous les dons
Aux flammes — et toujours pour rien!)
La bouche — fente de coquille
Palie. Non rictus — inventaire!
— Et avant toute chose — un lit
Unique.
— Abme! — avez-vous l’air
De dire. — Tambour de la main.
— Ce n’est pas deґplacer les monts!
Amour, cela veut dire...
— Mien.
Je vous ai compris. Conclusion?
Tambour de la main sans arret
Plus fort. (L’eґchafaud et la place.)
— Partons. — Et moi qui espeґrais:
Mourons. C’est tellement plus simple!
Les trucs a` bon marcheґ, suffit!
Assez de rimes, rails, hotels...
— Amour, cela veut dire: vie.
— Non, les Anciens le deґnommaient
Autrement.
— Eh bien? —
Le poing serre
Un poisson — lambeau de mouchoir.
— On y va? — Votre itineґraire?
Cartouche, rails, poison — au choix!
La mort — sans ameґnagements!
— La vie! — En geґneґral romain,
Regard d’aigle a` son reґgiment
Deґfait.
— Quittons-nous deґsormais.

6

— Je ne le voulais pas. Ou alors
Pas cela. (En silence: eґcoute!
Vouloir, c’est le propre des corps,
De`s lors l’un a` l’autre — ames nous
Voila`...). Et il ne l’a pas dit.
(Oui, a` l’heure ou` le train se forme,
Le triste honneur de la sortie,
Vous le confiez aux femmes comme
Une coupe...) — Qui sait? Deґmence?
Meґprise? (De courtoise allure,
Menteur confiant a` son amante
L’honneur sanglant de la rupture
Comme des fleurs...) Une syllabe
Apre`s l’autre: eh! bien — quittons-nous,
Avez-vous dit? (Comme qui lache
Un mouchoir a` l’heure du doux
Tumulte...) De ce combat-ci
Vous etes le Ceґsar. (O gifle!
Comme un tropheґe — a` l’ennemi
Confier l’eґpeґe qu’on a remise
Soi meme!). Il continue. (Monteґe
Du bruit...) — Je m’incline a` nouveau:
Jamais on ne m’a devanceґ
Dans la rupture. — A toutes vous...?
Et ne le niez pas! Vengeance
Dont Lovelace serait fier.
Geste vous honorant par chance,
Et m’arrachant, a` moi, la chair
De l’os. — Rire bref: perce la
Mort. Geste. (Volition: a` bout!
Vouloir, c’est le propre d’eux-la`,
De`s lors l’un a` l’autre — ombres nous
Voila`...) dernier clou, non, dernie`re
Vis, car de plomb le cercueil — est.
— La toute dernie`re prie`re.
— J’eґcoute. — Pas un mot jamais
Sur nous... a` aucun de ceux..., des
Suivants. (De leur brancard ainsi
Les blesseґs au printemps — leveґs!)
— Je l’aurais demandeґ aussi.
En souvenir si je vous donne
Un anneau? — Non. — Grand regard vague
De qui s’absente. (Mets-moi comme
Un sceau sur ton cur, une bague
A ta main... Theґatre: pas trop!
Avalons!) De biais et tout bas:
— Plutot un livre? — Comme aux autres?
Du tout! Non, n’en eґcrivez pas,
De livres...
Donc pas la peine.
Donc pas la peine.
Donc pas de pleurs.
Dans nos fratries
D’errants pecheurs
—Nuls pleurs, on rit!
On boit — nuls pleurs!
Chaleur du sang
Qu’on paie — nuls pleurs!
Perle qu’on fond —
Dans le vin! Monde —
Ou’on fait! Nuls pleurs!
— Ainsi, c’est moi qui pars? Mes yeux
Le traversent. Arlequin jette
Un os — la plus ignominieuse
Des primauteґs — a` sa Pierrette
Pour sa fideґliteґ: l’honneur
De la fin. Geste du rideau.
Vocable dernier. En plein cur
Un doigt de plomb: meilleur, plus chaud
Net...
Dents planteґes
En pleines le`vres.
Ne pas pleurer!
Le plus muraille —
Dans le plus pulpe.
Mais — pas pleurer!
Fratrie d’errants:
On meurt — nuls pleurs!
Bruleurs — nuls pleurs!
Cendres et chants
Cachent le mort
Chez nous, errants!
— La premie`re? Le premier coup?
Les eґchecs, en somme? Il faut dire
Que meme a` l’eґchafaud on nous
Appelle les premie`res...
— Vite
Ne me regardez pas! — Regard —
(Elles, par cascades deґja`!
Que faire pour qu’elles regagnent
Les yeux, le dedans?)... De ne pas
Regarder!!!
Voix forte et claire,
Yeux en arret:
— Partons, mon cher,
Je vais pleurer!
Ah! oui! Parmi les tirelires
Vivantes (commercants — complices)
Une nuque blonde va luire:
Colza, houblon, seigle et maїs!
Bafouant tous les commandements
Du Sinaї — amazonante
Toison! — Chevelure-diamant,
Golconde des apaisements
(Pour tous!). Dame-nature abonde
En biens! Avare: pas toujours!
Chasseurs, de ces tropiques blonds
Ou` est le chemin du retour?
Une nuditeґ qui exsude
Le vulgaire, agrippe — adipeuse.
Ce ne sont que flots de luxure,
Fulminante d’or et rieuse.
— N’est-ce pas? — Froleur et friseґ
Le regard. Chaque cil — la gratte!
— Et avant tout: pareil fourreґ!
Geste tourniquant en torsade.
O geste arrachant rien qu’a` lui
Les habits! Plus simple que boire
Et manger — rictus! (D’un salut
Existe, heґlas, pour toi l’espoir!)
Bon! surement ou fre`rement?
Une alliancante — alliance! — Rire,
N’ayant pas enterreґ vraiment!
(Et, ayant enterreґ, — je ris!)

7

Puis — le quai, le dernier. Plus tard:
Fin. Seґpareґs, priveґs de main,
Voisins se tenant a` l’eґcart,
On va. Du coteґ du fleuve — un
Sanglot. Je le`che sans alarme
Le sel du mercure en bouillons:
Le ciel a eґpargneґ aux larmes
La grand-lune de Salomon.
Poteau. Jusqu’au sang s’y cogner
Le front! Qu’il se fracasse! En poudre!
Co-meurtriers eґpouvanteґs,
On va. (La victime — l’Amour.)
Arrete! Deux s’aimant — dormir
Avec d’autres? Seґpareґment?
— Vous comprenez que l’avenir
Est la`-bas? — Moi: renversement!
— Dormir! — Le couple a` la mairie...
— Dormir! — Ni meme pas, ni meme
Rythme. — Prenez mon bras, — je prie!
On n’est pas des bagnards en chane...
Deґcharge. (Main sur main — en fait!
Son ame sur ma main!) Comme arme
Qui charge, au long des fils en fie`vre
Fait rage, — sa main sur mon ame!
Gage. Iriseґ: tout! Plus iris
Que les larmes? Collier-rideau
De pluie. — Qu’un quai ainsi finisse
— Jamais vu! — Le pont:
— Bien? (de dos)
Ici? Le-veґe des yeux
Calmes. (Pret — le convoi.)
Jusque chez vous, je peux...
Pour la der-nie`re fois!

8

Le der-nier pont.
(Ma main: que moi, je la deґgage?
La rende? — Non!)
Le dernier pont, dernier peґage.
L’eau et les cieux.
Pie`-ces pour la mort — eґtaleґes.
Un sou gracieux
Du a` Charon pour le Leґtheґ.
La pie`ce est d’ombre,
D’ombre — la main. Pas un bruit quand
Ces pie`-ces tombent.
Et donc, d’ombre est la main qui prend
La pie`-ce d’ombre.
Sans un reflet, sans un eґcho.
Pie`-ces — aux tombes!
Les morts ont assez des pavots.
Le pont.
Des-tination
Des amants sans espoir, haut centre:
Pont, toi — passion:
Convention: rien que «passage-entre».
Moi — comme au nid
Tapie, la cote — je m’y serre.
Ni avant, ni
Apre`s: L’espace d’un eґclair!
Ni jambes, ni
Bras. Le treґfonds des os l’atteste:
Seul mon flanc vit,
Que, contre le voisin, je presse.
Tout dans le flanc!
La vie! Lui — la veille et l’oreille!
C’est jaune et blanc
Colleґs! A l’esquimau pareille,
— Presseґe, colleґe
A la fourrure. Et vous, Siamois!
Quoi? Vous — lieґs?!
Cette femme-la`, souviens-toi,
Maman — tu lui
Disais: dans son triomphe quiet,
Et toute oubli,
Elle te portait, mais — moins pre`s!
— Communs! Conjoints!
Vois nos jours! Tu m’as berceґe contre
Ton cur! Plonger?
Non! Lacher ta main — Qu’on n’y compte
Pas! Et blottie,
Blottie... Inarrachablement.
Pont: non — mari:
Amant! — Pur «passage-devant».
Tu nous fais vivre,
Pont! Nos corps: pature du fleuve!
Givre a` la vitre,
Hutre: m’extirpent — ceux qui peuvent!
Hutre! A la vitre,
Givre! Ni divin, ni humain!
Me je-ter vive,
Comme une chose, moi, dont rien
Du monde faux
Des choses, n’a eu le respect!
Je reve: il faut!
C’est nuit! Dis qu’au matin, apre`s:
L’ex-press et Rome!
Grenade? Saurais-je ou` je vais,
Dans le deґsordre
Des Himalayas de duvets?
Bre`-che, trou sans
Neige: mon dernier sang la chauffe.
Entends mon flanc!
Les vers — c’est tellement plus gauche...
Dis, reґ-chauffeґ?
A qui te loueras-tu demain?
Raison: faucheґe!
Dis que le pont n’a pas de fin
Et n’en au-ra pas...
— Fin
— Ici? — Geste incolore,
D’enfant. — Bien? — Je le bois.
— Un petit peu en-core:
Pour la dernie`re fois!

9

Au long d’usines reґsonnantes,
Vibrant a` l’appel des voix...
Sous la langue le secret hante
Femmes et veuves, — a` toi voi —
— la` je dis le secret de l’etre
Qu’Eve a` l’Arbre a celeґ, vivante:
Je ne suis pas plus qu’une bete
Que quelqu’un a blesseґe au ventre.
Ca brule... L’ame qu’on arrache
Avec la peau! Au trou! Fumeґe!
Partie, l’heґreґsie-grand-panache,
L’ineptie, — «ame» deґnommeґe!
Chreґtienne, terne infirmiteґ!
Fumeґe! De compresses — couvrir!
Elle n’a jamais existeґ!
Etait — le corps, il voulait vivre,
Ne veut plus.
Pardonne-moi! Je ne voulais
Pas! Clameur des fonds eґventreґs!
Condamneґs attendant qu’on les
Fusille, — devant l’eґchiquier
Au petit jour... Le judas comme
Pris d’un rictus narquois — pour nous!
Car c’est bien des pions que nous sommes!
Et quelqu’un la` — mais qui? — nous joue.
Brigands? Ou dieux au bon vouloir?
Tout englobant par le judas —
L’il. Cliquetis dans le couloir
Du deuil. Planche leveґe — deґja`!
Puis, la bouffeґe de cigarette.
(Crachat.) — On a veґcu un coup!
(Crachat.) Chemin droit qui s’arrete
Sur les trottoirs du jeu — au bout:
Fosseґ! Saigner! Par la lucarne:
C’est l’il de la lune qui point...
Et sur le coteґ je regarde,
Pencheґe — que tu es deґja` loin!

10

— Notre cafeґ! — Frisson
Unique — a` l’unisson!
Notre e`glise! O lot!
Couple d’un jour, tre`s tot,
Vagabonds sans adresse,
On ceґleґbrait la messe.
Le bazar, la lavasse,
Autre rive et printemps...
Un cafeґ deґgueulasse, —
C’eґtait du foin vraiment!
(C’est l’ardeur des chevaux
Qu’avec le foin on mate!)
D’Arabie — il s’en faut! —
D’Arcadie, l’aromate
Dudit cafeґ...
Mais comme la patronne,
Nous ayant attableґs,
Souriait, habile et bonne, —
Et les eґgards d’embleґe
Des amantes blanchies:
Vivez! On fane, un jour!
Sans-le-sou, — nos folies,
Baillements, — a` l’amour
Souriant, — a` la jeunesse!
A nos rires — pour rire,
A l’ironie — sans cesse,
Aux visages — sans rides, —
Surtout — a` la jeunesse!
Aux passions — pas d’ici!
Venant d’ou`? — qui se presse,
Venant d’ou`? — qui jaillit
Dans le cafeґ blafard:
— Les burnous et Tunis! —
Aux muscles, aux espoirs
Sous nos chasubles tristes...
(L’ami, qu’on ne me plaigne
Pas: tant de cicatrices!)
Et nous raccompagnant,
Avec son bonnet lisse
Et le linge hollandais...
A mi-souvenir, mi-comprendre,
Comme de la fete enleveґs...
— Notre rue! — D’autres vont la prendre...
— Que de fois nous!... — Loin, ses paveґs...
— Demain de l’Ouest le soleil part!
— David avec Dieu rompt les liens!
— Et nous, au juste? — On se seґpare.
— Il ne me dit strictement rien
Ce mot superabsurdissime:
Seґ-pa-ra-tion. — Une sur cent?
Un mot composeґ de dix signes:
Rien que le vide sous-jacent.
Attends! La Tcheґquie nous eґgare!
En serbe ou croate — on le dit?
Seґ-pa-ra-tion. On se seґpare...
Surabsurdissime anerie!
Oreilles: deґchirement brusque
A ce son — et l’angoisse plus loin...
Seґparation — ce n’est pas russe!
Pas feґminin! Pas masculin!
Pas divin! Quoi! Nous — des brebis
Baillant qu’on disperse au repas?
Seґparation — en quel sabir?
De sens, ca n’en a meme pas,
Ni de son! Bruit creux d’une scie,
Par exemple, pour un dormeur.
Seґparation — ce sont des cris
De rossignols, martins-pecheurs
Chez Khlebnikov...
Est-ce possible?
Reґservoir videґ — voila` l’air!
La main contre l’autre — est audible.
Se seґparer — c’est le tonnerre
Sur la tete... Dans la cabine
L’oceґan! Le cap — le dernier
D’Oceґanie! Rues — trop a` pic:
Se seґparer, mais c’est au pied
De la montagne... Pied pesant:
Deux soupirs... Paume — sans retard,
Et clou! Argument renversant:
Se seґparer — c’est etre a` part,
Or nous sommes soudeґs...

11

Perdre tout en un tour —
Net! Plus rien!
Banlieue, faubourg: des jours
C’est la fin.
Finis — silex, deґlices,
Nous, jours et eґdifices.
Villas vacantes! (— Me`re ageґe):
Meme respect pour celles-la`!
Car c’est une action que — vaquer!
Le creux ne vaque pas.
(Villas vacantes a` moitieґ,
Mieux vaudrait vous bruler!)
Pas trembler, la blessure
Inciseґe.
Banlieue, banlieue: coutures
Deґchireґes.
Car l’amour — (sans enflure
Superflue) — est couture.
Ni mur, ni pansement, — couture!
— Pas d’armure pour toi!
Couture: le mort cousu dur
En terre, et moi — a` toi!
(Le temps dira de quelle trempe:
Preґcaire ou reґsistante!)
En tout cas, l’ami, — deґchirure!
Mille eґclats et deґbris!
Fracas! Encore heureux (— cassure!)
Qu’elle n’ait pas pourri!
Pas d’infection! Rouge — la vie
Veineґe sous le bati!
Oh! ne perd pas qui rompt
En force!
Banlieue, faubourg: des fronts
Le divorce.
Cerveaux — au vent! (Dans les
Peґripheґries — gibets).
Oh! ne perd pas qui rompt et part,
A l’heure ou` l’aube point!
Une vie cousue pour toi, tard,
Sans bati, par mes soins.
Tordue? Pas de griefs! Faubourg:
Rupture des coutures.
Ames sans appret: plaies
Partout!...
Banlieue, faubourg... Ample est
Le courroux
Du faubourg. Entends le destin,
Sa botte dans les flaques
De boue!... Ami, juge ma main
Qui coud en toute hate:
Le fil — va le deґfaire!
Le der-nier reґverbe`re!
Ici? La magie gagne —
Regard. (Races qui croient:
Regard). — Sur la montagne?
Pour la der-nie`re fois!

12

— Collines. Crinie`re
Drue: pluie dans les yeux.
Le faubourg — derrie`re,
On est en banlieue,
On est. Mais qu’en faire?
Maratre-vireґe,
Plus de lieu sur terre.
Nous, ici: crever.
Un champ. Haie autour.
Fre`re et sur — nous deux!
La vie est faubourg. —
Construis en banlieue!
La cause est, messieurs,
Perdue! — Inutile...
Des faubourgs — rien qu’eux!
Mais ou` sont les villes?!
La pluie rage et broie.
Debout, nous — deux etres:
Rageons. En trois mois
Premier tete a` tete.
Emprunter — c’est a`
Job que voulait Dieu?
Mais sans reґsultat...
On est en banlieue!
A l’exteґrieur! Hors! Hors de la ville!
Remparts franchis! Tu comprends?
Vivre est un lieu ou` c’est impossible:
Le quar-tier juif, du dedans...
Et ne vа-t-on pas le front plus haut,
En devenant juif errant?
Aux yeux de qui n’est pas un salaud,
Le po-grome juif eґtant
La vie. Ne vit que grace aux nombreux
Reneґgats! Grace aux Judas!
Plutot sur les les de leґpreux,
En enfer! — mais pas dans la
Vie, — que pour les reneґgats, que pour
Le bourreau: a` lui — la brebis!
Le droit a` ma carte de seґjour
Je le pieґtine! J’en ris!
Pieґtineґ! Bouclier de David —
Vengeґ! Viser dans la glu
Des corps! N’est-il pas enivrant: vivre —
Le Juif ne l’a pas voulu?!
Ghetto des eґlites! Au trou! Tiens!
Pas de pitieґ! Que des gifles!
En ce monde-ci hyperchreґtien
Les poe`tes sont des Juifs!

13

Aiguiser les couteaux sur
Le roc, ou bien balayer
La sciure! De la fourrure
Sous les mains — mouilleґe!
Eh bien!, les surs, quoi?!
— Force et seґcheresse
D’homme! Sous les doigts —
Larmes, non averse!
De quels charmes maintenant
Parler? Sur tes biens — l’eau trone!
Apre`s tes yeux de diamant,
Me ruisselant sous les paumes,
Fin de la fin. Cesse
Pour moi — le naufrage.
Caresses, caresses
Le long du visage.
C’est notre orgueil a` nous deux —
Polonaises, a` nous autres —
Marina. Apre`s tes yeux
D’aigle pleurant sous mes paumes...
Mon ami, tu pleures!
Pardon! Tout est mien!
O sel et rondeurs
Au creux de la main!
Larmes d’homme sont brutales.
Sur le crane — la massue!
Pleure! Et reґpare plus tard
La honte avec moi perdue.
U-ne mer relie —
Les poissons! Se le`ve:
... Coquille sans vie,
Le`vres contre le`vres.
En larmes.
De l’oseille —
Au gout.
— Demain
Au reґveil,
Moi — ou`?

14

Le sentier a` moutons —
Descend. Ville en vacarme.
Vers nous, trois filles vont.
Elles rient. Face aux larmes
Elles rient, — plein midi
Terrestre, hautes cretes
Marines!
— Elles rient
De tes larmes abjectes,
Indues, d’homme!, visibles
Dans la pluie: plaies strieґes!
Perle honteuse qu’exhibe
Le bronze du guerrier.
De tes larmes, — oh! verse! —
Premie`res et dernie`res.
Tes larmes, ces perles
Que ma couronne acquiert.
Mes yeux leveґs — exprе`s!
Ils traversent l’averse,
Fixes. Fixez plus pre`s,
Poupeґes de Veґnus! Reste
Ce lien-ci plus eґtroit
Que l’attrait et l’eґtreinte.
Le Chant des Chants nous doit
La parole — on l’emprunte,
— Obscurs oiseaux: contraint,
Salomon s’eґmerveille,
Puisque pleur en commun
Est bien plus que sommeil!
Lui — ployeґ, eґgal — passe
Les creux d’ombre en arceaux,
En silence, sans trace —
Comme sombre un vaisseau.

Envoye de la mer


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