Любопытство однако ж превозмогло; на другой день я отправился с лекарем в лагерь, где находились зачумленные. Я не сошел с лошади и взял предосторожность стать по ветру. Из палатки вывели нам больного; он был чрезвычайно бледен и шатался, как пьяный. Другой больной лежал без памяти. Осмотрев чумного и обещав несчастному скорое выздоровление, я обратил внимание на двух турков, которые выводили его под руки, раздевали, щупали, как будто чума была не что иное, как насморк. Признаюсь, я устыдился моей европейской робости в присутствии такого равнодушия и поскорее возвратился в город.
19 июля, пришед проститься с графом Паскевичем, я нашел его в сильном огорчении. Получено было печальное известие, что генерал Бурцов был убит под Байбуртом. Жаль было храброго Бурцова, но это происшествие могло быть гибельно и для всего нашего малочисленного войска, зашедшего глубоко в чужую землю и окруженного неприязненными народами, готовыми восстать при слухе о первой неудаче. Итак, война возобновлялась! Граф предлагал мне быть свидетелем дальнейших предприятий. Но я спешил в Россию… Граф подарил мне на память турецкую саблю. Она хранится у меня памятником моего странствования вослед блестящего героя по завоеванным пустыням Армении. В тот же день я оставил Арзрум.
Я ехал обратно в Тифлис по дороге уже мне знакомой. Места, еще недавно оживленные присутствием 15 000 войска, были молчаливы и печальны. Я переехал Саган-лу и едва мог узнать место, где стоял наш лагерь. В Гумрах выдержал я трехдневный карантин. Опять увидел я Безобдал и оставил возвышенные равнины холодной Армении для знойной Грузии. В Тифлис я прибыл 1-го августа. Здесь остался я несколько дней в любезном и веселом обществе. Несколько вечеров провел я в садах при звуке музыки и песен грузинских. Я отправился далее. Переезд мой через горы замечателен был для меня тем, что близ Коби ночью застала меня буря. Утром, проезжая мимо Казбека, увидел я чудное зрелище: белые, оборванные тучи перетягивались через вершину горы, и уединенный монастырь*, озаренный лучами солнца, казалось, плавал в воздухе, несомый облаками. Бешеная Балка также явилась мне во всем своем величии: овраг, наполнившийся дождевыми водами, превосходил в своей свирепости самый Терек, тут же грозно ревевший. Берега были растерзаны; огромные камни сдвинуты были с места и загромождали поток. Множество осетинцев разработывали дорогу. Я переправился благополучно. Наконец я выехал из тесного ущелия на раздолье широких равнин Большой Кабарды. Во Владикавказе нашел я Дорохова* и Пущина. Оба ехали на воды лечиться от ран, полученных ими в нынешние походы. У Пущина на столе нашел я русские журналы. Первая статья, мне попавшаяся*, была разбор одного из моих сочинений. В ней всячески бранили меня и мои стихи. Я стал читать ее вслух. Пущин остановил меня, требуя, чтоб я читал с бо́льшим мимическим искусством. Надобно знать, что разбор был украшен обыкновенными затеями нашей критики: это был разговор между дьячком, просвирней и корректором типографии, Здравомыслом этой маленькой комедии. Требование Пущина показалось мне так забавно, что досада, произведенная на меня чтением журнальной статьи, совершенно исчезла, и мы расхохотались от чистого сердца.
Таково было мне первое приветствие в любезном отечестве.
Приложения к путешествию в Арзрум
I. Otice Sur La Secte Des Yézidis*
Entre les sectes nombreuses que se sont élevées dans la Mésopotamie, parmi les Musulmans, après la mort de leur prophète, il n'en est aucune qui soit odieuse à toutes les autres autant que celle des Yézidis. Les Yézidis ont pris leur nom du scheikh Yézid, auteur de leur secte, et ennemi déclaré de la famille d'Ali. La doctrine dont ils font profession, est un mélange du manichéisme, du mahométisme et de la croyance des anciens Perses. Elle se conserve parmi eux par tradition, et est transmise de père en fils sans le secours d'aucun livre: car il leur est défendu d'apprendre à lire et à écrire. Ce défaut de livres est sans doute la cause, pour laquelle les historiens Mahométans ne parlent de cette secte qu'en passant, et pour désigner sous ce nom des gens abandonnés au blasphême, cruels, barbares, maudits de Dieu, et infidèles à la religion de leur prophète. Par une suite de cela on ne peut se procurer, relativement à la croyance des Yézidis, aucunes notions certaines, si ce n'est ce qu'on observe aujourd'hui même parmi eux.
Les Yézidis ont pour premier principe de s'assurer l'amitié du Diable, et de mettre l'épée à la main pour sa défense. Aussi s'abstiennent-ils non-seulement de le nommer, mais même de se servir de quelque expression dont la consonnance approche de celle de son nom. Par exemple un fleuve se nomme dans le langage ordinaire schatt, et comme ce mot a quelque léger rapport avec le mot scheïtan, nom du Diable, les Yézidis appellent un fleuve avé mazen, c'est à-dire grande eau. De même encore les Turcs maudissent fréquemment le Diable, en se servant pour cela du mot nal, qui veut dire malédiction; les Yézidis évitent avec grand soin tous les mots qui ont quelque analogie avec celui-là. Ainsi au lieu du mot nal qui signifie aussi fer de cheval, ils disent sol, c'est-à-dire, semelle de souliers d'un cheval, et ils substituent le mot solker, qui veut dire savetier, au terme du langage ordinaire nalbenda, qui signifie maréchal. Quiconque fréquente les lieux qu'ils habitent, doit être très-attentif à ne point prononcer les mots diable et maudit, et surtout ceux-ci, maudit soit le diable; autrement il courrait grand risque d'être maltraité, ou même tué. Quand leurs affaires les attirent dans les villes Turques, on ne peut pas leur faire de plus grand affront que de maudire le diable devant eux, et si la personne qui a eu cette imprudence vient à être rencontrée en voyage par des Yézidis et reconnue, elle est en grand danger d'éprouver leur vengeance. Il est arrivé plus d'une fois que des hommes de cette secte ayant été arrêtés pour quelque crime par la justice Turque, et condamnés à mort, ont mieux aimé subir leur condamnation que d'user de la faculté qui leur était accordée, de s'y soustraire en maudissant le Diable.
Le Diable n'a point de nom dans le langage des Yézidis. Ils se servent tout au plus pour le désigner de cette périphrase, scheikh mazen, le grand chef. Ils admettent tous les prophètes et tous les saints révérés par les Chrétiens, et dont les monastères situés dans leurs environs portent les noms. Ils croient que tous ces saints personnages, lorsqu'ils vivaient sur la terre, ont été distingués des autres hommes plus ou moins, selon que le diable a résidé plus ou moins en eux: c'est surtout, suivant eux, dans Moïse, Jésus-Christ et Mahomet qu'il s'est le plus manifesté. En un mot, ils pensent que c'est Dieu qui ordonne, mais qu'il confie au pouvoir du Diable l'exécution de ses ordres.
Le matin, à peine le soleil commence-t-il à paraître, qu'ils se jettent à genoux les pieds nus, et que tournés vers cet astre, ils se mettent en adoration, le front contre terre. Pour faire cet acte de dévotion, ils se retirent à part, loin de la présence des hommes; ils font leur possible pour n'être point vus quand ils s'acquittent de ce devoir, dont ils se dispensent même suivant les circonstances.
Ils n'ont ni jeûnes, ni prières, et disent pour justifier l'omission de ces њuvres de religion, que le scheikh Yézid a satisfait pour tous ceux qui feront profession de sa doctrine jusqu'à la fin du monde, et qu'il en a reçu l'assurance positive dans ses révélations; c'est en conséquence de cela qu'il leur est défendu d'apprendre à lire et à écrire. Cependant tous les chefs des tribus et des gros villages soudoient un docteur mahométan pour lire et interpréter les lettres qui leur sont adressées par les seigneurs et les pachas Turcs, et pour y répondre. Relativement aux affaires qu'ils ont entre eux, ils ne se fient jamais à aucune personne d'une autre religion; ils envoient leurs ordres et font faire toutes leurs commissions de vive voix, par des hommes de leur secte.
N'ayant ni prières, ni jeûnes, ni sacrifices, ils n'ont aussi aucune fête. Ils tiennent cependant le 10 de la lune d'août une assemblée dans le voisinage du tombeau du scheikh Adi. Cette assemblée, à laquelle beaucoup des Yézidis se rendent de contrées éloignées, dure toute cette journée et la nuit suivante. Cinq ou six jours avant ou après celui où elle a lieu, les petites caravanes courent risque d'être attaquées dans les plaines de Moussol et du Kurdistan, par ces pélerins qui voyagent toujours plusieurs ensemble, et il est rare qu'une année se passe sans que ce pélerinage donne lieu à quelque fâcheux événement. On dit qu'un grand nombre de femmes des Yézidis, à l'exception cependant des filles qui ne sont point encore mariées, se rendent des villages voisins à cette réunion, et que cette nuit-là, après avoir bien bu et mangé, l'on éteint toutes les lumières, et l'on ne parle plus jusqu'aux approches de l'aurore, instant auquel tout le monde se retire. On peut se faire une idée de ce qui se passe dans ce silence et à la faveur des ténèbres.
Aucune espèce de nourriture n'est défendue aux Yézidis, excepté la laitue et la citrouille. Ils ne font jamais dans leurs maisons de pain de froment, mais seulement du pain d'orge; je ne sais point quelle en est la raison.
Ils emploient pour leurs serments les mêmes formules qui sont en usage parmi les Turcs, les Chrétiens et les Juifs; mais le serment le plus fort qu'ils fassent entre eux, est de jurer par l'étendard de Yézid, c'est-à-dire, par leur religion.
Ces sectaires ont un très grand respect pour les monastères chrétiens qui sont dans leurs environs. Quand ils vont les visiter, ils ôtent leurs chaussures avant d'entrer dans l'enceinte et marchant pieds nus, ils baisent la porte et les murs; ils croient par là s'assurer la protection du saint dont le couvent porte le nom. S'il leur arrive, pendant une maladie, de voir en rêve quelque monastère, ils ne sont pas plutôt guéris qu'ils vont le visiter, et y porter des offrandes d'encens, de cire, de miel, ou de quelque autre chose. Ils y demeurent environ un quart d'heure, et en baisent de nouveau les murailles avant de se retirer. Ils ne font aucune difficulté de baiser les mains du patriarche ou de l'évêque, qui est supérieur du monastère. Quant aux mosquées des Turcs, ils s'abstiennent d'y entrer.
Les Yézidis reconnaissent pour chef de leur religion, le scheikh qui gouverne la tribu à laquelle est confiée la garde du tombeau du scheikh Adi, restaurateur de leur secte. Ce tombeau se trouve dans la juridiction du prince d'Amadia. Le chef de cette tribu doit toujours être pris parmi les descendants du scheikh Yézid: il est confirmé dans sa place, sur la demande des Yézidis, et moyennant un présent de quelques bourses, par le prince d'Amadia. Le respect, que ces sectaires portent au chef de leur religion, est si grand, qu'ils s'estiment très heureux quand ils peuvent obtenir une de ses vieilles chemises, pour leur servir de linceul: ils croient que cela leur assure une place plus avantageuse dans l'autre monde. Quelques-uns donnent jusqu'à quarante piastres pour une semblable relique, et s'ils ne peuvent l'obtenir toute entière, ils se contentent d'en avoir une portion. Quelquefois le scheikh lui-même envoie une de ses chemises en présent. Les Yézidis font passer secrètement à ce chef suprême une portion de tous leurs brigandages, pour l'indemniser de dépenses que lui occasionne l'hospitalité qu'il exerce envers ceux de sa secte.