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Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России

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Название:
Том 7. О развитии революционных идей в России
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-
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28 декабрь 2018
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Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России

Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России краткое содержание

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Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя.Седьмой том сочинений А. И. Герцена содержит произведения 1850–1852 годов. Помещенные в томе статьи появились впервые на иностранных языках и были обращены в первую очередь к западноевропейскому читателю, давая ему глубокую и правдивую информацию о России, русском народе, освободительном движении и культуре. В томе помещены также статья «Michel Bakounine» («Михаил Бакунин») и два открытых письма Герцена, относящихся к пережитой им в эти годы семейной драме.http://ruslit.traumlibrary.net

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L'autopsie pathologique forma le caractère dominant de la littérature moderne. Ce lut une nouvelle négation de l'ordre des choses existant, qui surgit en dépit de la volonté impériale du fond de la conscience réveillée, cri d'horreur de chaque génération qui craignait de se voir confondue avec ces êtres dégradés.

La littérature russe, au XVIIIe siècle, ne fut au fond qu'une noble occupation de quelques esprits, sans inlluence sur la société. La première inlluence sérieuse qui imprima de suite un autre caractère au dilettantisme littéraire vint de la franc – maçonnerie. Celle-ci était très répandue en Russie vers la tin du règne de Catherine II. Son chef, Novikolf, était un de ces grands personnages dans l'histoire qui font des prodiges sur une scène qui doit nécessairement rester dans les ténèbres; un de ces guides d'idées souterraines dont l'œuvre ne se manileste qu'au moment de l'éclat. Novikolf était imprimeur de son état, il fonda des librairies et des écoles dans plusieurs villes, il édita la première revue russe. Il taisait faire des traductions et les publiait à ses frais. C'est ainsi qu'on vit de son temps paraître la traduction de l'Esprit des Lois, d'Emile, de divers articles de l'Encyclopédie, ouvrages que la censure de notre époque ne permettrait certainement pas d'imprimer. Dans toutes ces entreprises, Novikolf fut puissamment aidé par la franc-maçonnerie dont il était grand-maître. Quelle œuvre immense, que la pensée hardie de réunir dans un intérêt moral, dans une tamille tralernclle tout ce qu'il y avait intellectuellement de mûr, depuis le grand seigneur de'empire, tel que le prince Lopoukhine, jusqu'au pauvre précepteur d'école et au chirurgien de district.

L'impératrice Catherine fit jeter Novikoff dans la citadelle de Pétersbourg et l'exila ensuite. Ce fut dans les dernières années de son règne, où son caractère commençait à s'altérer. Avec Potiomkine disparaît la poésie des favoris, une débauche grossière remplace une volupté brillante et splendide. Les petites soirées de l'Ermitage, pétillantes d'esprit, firent place aux orgies sauvages des Zoritch. En attendant, la révolution française atteignait son apogée. Le tonnerre révolutionnaire troublait le sommeil des monarques, sur le Danube comme sur la Neva. Catherine en vieillissant devenait inquiète, soupçonneuse même à l'égard de son fils. Elle voyait avec défiance la franc-maçonnerie acquérir une force nouvelle, indépendante de sa volonté; on parlait beaucoup de la part que les illuminés et les martinistes avaient prise à la révolution, et au milieu de ces bruits, elle apprit que le grand-duc Paul était initié à la franc-maçonnerie parNovikolf. Dix ans auparavant, Catherine aurait fait chercher Novikoff et aurait vu que ce n'était point un obscur conspirateur dynastique, mais alors elle aima mieux le châtier que l'entretenir.

Cet homme infatigable forma avant sa chute le dernier grand écrivain de cette période, Karamzine. L'influence de ce dernier sur la littérature peut être comparée à l'influence de Catherine sur la société; il l'a humanisée. Il y avait en lui quelque chose de St. Réal, de Florian et d'Ancillon, un point de vue philosophique et moral, des phrases philantropiques, des larmes toujours acquises au malheur, une répulsion pour tout abus de forces, beaucoup d'amour pour la civilisation, un patriotisme tant soit peu rhétorique, le tout sans unité, sans pensée dirigeante, sans une seule conviction profonde. Il y eut quelque chose d'indépendant et de pur dans ce jeune littérateur, entouré d'un monde d'ambitions subalternes et d'un crasse matérialisme. Karamzine fut le premier littérateur russe lu des dames.

C'est un grand avantage pour notre littérature que nos premiers auteurs ont été des hommes du monde. Ils firent passer dans la littérature une certaine élégance de bonne compagnie, une sobriété de paroles une noblesse d'images qui distinguent la conversation des hommes bien élevés. L'élément grossier et vulgaire qui se rencontre parfois dans la littérature allemande n'a jamais pénétré dans les livres russes.

La grande œuvre de Karamzine, le monument qu'il a élevé a la postérité sont les douze volumes de son histoire russe. Oeuvre consciencieuse de la moitié de son existence et dont l'analyse n'entre pas dans notre plan, son histoire a beaucoup contribué à tourner les esprits vers l'étude de la patrie. Si l'on songe au chaos qui a précédé Karamzine, dans l'histoire russe, et au travail qu'il a dû employer pour le déblayer et pour donner une exposition claire et véridique du sujet, l'on comprendra qu'il y aurait de l'injustice à ne pas reconnaître ses services.

Ce qui manquait à Karamzine, ce fut cet élément sarcastique qui de Fonvisine s'étendit à Kryloff et même à Dmitrieff, l'ami intime de Karamzine. Il y avait quelque chose d'allemand dans le tendre et bénévole Karamzine. On pouvait prédire que Karamzine tomberait avec sa sentimentalité dans les iilets impériaux, comme le fit plus tard le poète Joukofski.

L'histoire de la Russie rapprocha Karamzine de l'empereur Alexandre. Il lui lisait les pages audacieuses où il flétrissait la tyrannie de Jean le Terrible et jetait des immortelles sur la tombe de la république de Novgorod. Alexandre l’ écoutait avec attention et émotion et pressait doucement la main de l'historiographe. Alexandre était trop bien élevé pour trouver bon que Jean fît parfois scier ses ennemis en deux et pour ne pas soupirer sur le sort de Novgorod, sachant bien que le comte Araktchéietf y introduisait déjà les colonies militaires. Karamzine, plus ému encore, restait épris des charmes de la bonté impériale. Mais où l'ont conduit ses pages audacieuses, ses indignations, ses condoléances? Qu'a-t-il appris dans l'histoire russe, quel résultat a-t-il tiré de ses recherches, lui qui, dans la préface de son histoire, dit que l'histoire du passé est l'enseignement de l'avenir? Il n'y puisa qu'une seule idée: «Les peuples sauvages aiment la liberté et l'indépendance, les peuples civilisés l'ordre et la tranquillité» – un seul résultat: «la réalisation de l'idée de l'absolutisme» devant le développement duquel il reste en extase et qu'il poursuit depuis Monomakh jusqu'aux Romanoff.

L'idée de la grande autocratie, c'est l'idée du grand esclavage. Peut-on se figurer qu'un peuple de soixante millions n'existe que pour réaliser… l'esclavage absolu?

Karamzine mourut dans les bonnes grâces de l'empereur Nicolas.

Comme on le voit, la période que nous avons parcourue n'est que l'adolescence de la civilisation et de la littérature russes. La science florissait encore à l'ombre du trône, et les poètes chantaient leurs tzars sans être leurs esclaves. On ne trouve presque pas d'idées révolutionnaires, la grande idée révolutionnaire était encore la réforme de Pierre. Mais le pouvoir et la pensée, les oukases impériaux et la parole humaine, l'autocratie et la civilisation ne pouvaient plus aller ensemble. Leur alliance même au XVIIIe siècle frappe d'étonnement. Mais comment aurait-il pu en être autrement, lorsque l'héritier des tzars, le dynaste, le successeur d'Alexis, enfin l'autocrate de toutes les Russies, de la Blanche et de la Rouge, de la Grande et de la Petite, Pierre Ier, était, en même temps, un jacobin anticipé et un terroriste révolutionnaire?

IV

1812–1825

La guerre de 1812 termina la première partie de la période de Pétersbourg. Jusque-là le gouvernement avait été en tête du mouvement; dès lors la noblesse se mit au pas avec lui. Jusqu'en 1812, on doutait des forces du peuple et l'on avait une foi inébranlable dans la toute-puissance du gouvernement: Austerlitz était loin, on prenait Eylau pour une victoire et Tilsit pour un événement glorieux. En 1812, l'ennemi passa Memel, traversa la Lithuanie et se trouva devant Smolensk, cette «clef» de la Russie. Alexandre terrifié accourut à Moscou pour implorer le secours de la noblesse et du négoce. Il les invita an palais dé laissé du Kremlin pour aviser au secours de la patrie. Depuis Pierre Ier, les souverains de la Russie n'avaient pas parlé au peu pie; il fallait supposer le danger grand, à la vue de l'empereui Alexandre, au palais, et du métropolitain Platon, à la cathédrale, parlant du péril qui menaçait la Russie.

La noblesse et les négociants tendirent la main au gouvernement et le tirèrent de l'embarras. Le peuple, oublié même dans ce temps de malheur général, ou trop méprisé pour qu'on eût voulu lui demander le sang qu'on se croyait en droit de répandre sans son assentiment, le peuple se levait en masse, sans attendre un appel, dans sa propre cause.

Depuis l'avènement de Pierre Ier, cet accord tacite de toutes les classes se produisait pour la première fois. Les paysans s’en rolaien sans murmurer dans les rangs de la milice, les nobles donnaient le dixième serf et prenaient les armes eux-mêmes;

les négociants sacrifiaient la dixième partie de leur revenu. L'agitation populaire gagnait tout l'empire; six mois après l'évacuation de Moscou parurent sur la frontière d'Asie des bandes d'hommes armés qui accouraient du fond de la Sibérie, à la défense de la capitale. La nouvelle de son occupation et de son incendie avait fait tressaillir toute la Russie, car pour le peuple Moscou était la vraie capitale. Elle venait d'expier par son sacrifice le régime assoupissant des tzars; elle se relevait entourée d'une auréole de gloire; la force de l'ennemi s'était brisée dans ses murs; le conquérant avait commencé au Kremlin sa retraite qui ne devait s'arrêter qu'à Ste – Hélène. Au premier réveil du peuple, Pétersbourg était éclipsé, et Moscou, capitale sans empereur, qui s'était victimée pour la patrie commune, obtint une nouvelle importance.

D'ailleurs après et baptême de sang, la Russie entière entra dans une nouvelle phase.

Il était impossible de passer immédiatement de l'agitation d'une guerre nationale, de la promenade glorieuse à travers l'Europe, de la prise de Paris, au calme plat du despotisme de Pétersbourg. Le gouvernement lui-même ne pouvait retourner tout de suite à ses anciennes allures. Alexandre fit-le libéral, en cachette du prince Metternich, persifla des projets ultra-monarchiques des Bourbons et joua le rôle de roi constitutionnel en Pologne.

Quant au pauvre paysan, il retourna à sa commune, à sa charrue et à son servage. Pour lui, rien ne changea, on ne lui concéda aucune franchise, pour prix de la victoire achetée par son sang. Alexandre préparait pour le récompenser le projet monstrueux des colonies militaires.

Bientôt après la guerre, un grand changement se manifesta dans l'esprit public. Les officiers de la garde et des régiments de ligne, après avoir bravement exposé leur poitrine aux balles de l'ennemi, devinrent moins soumis et moins souples qu'autrefois. Des sentiments chevaleresques d'honneur et de dignité personnelle, inconnus jusque-là dans l'aristocratie russe, d'origine plébéienne, tirée du peuple par la grâce des souverains, se répandirent dans la société. En même temps la mauvaise administration, la vénalité des employés, les vexations policières excitaient des murmures unanimes. On voyait que le gouvernement, tel qu’il était organisé, ne pouvait, avec le meilleur vouloir, parer à ces abus, qu'il n'y avait aucune justice à attendre d'une infirmerie de vieillards qu'on appelait du nom pompeux de sénat dirigeant, corps d'une docilité ignare qui servait au gouvernement de garde-meubles pour y reléguer les fonctionnaires usés, qui ne méritaient ni de rester dans l'administration ni d'en être chassés. Des hommes d'Etat d'une grande autorité, comme le vieil amiral Mordvinoff, parlaient hautement de l'urgence de nombreuses réformes. Alexandre lui-même désirait des améliorations, mais il ne savait comment s'y prendre. Karamzine, l'historien absolutiste, et Spéranski, éditeur du code de Nicolas, travaillaient à un projet de constitution d'après ses ordres.

Des hommes énergiques et sérieux n'attendirent pas le terme de ces projets imaginaires, ils ne se contentèrent pas du mécontentement vague et cherchèrent à l'utiliser d'une autre manière. Ils.conçurent l'idée d'une grande association secrète. Elle devait faire l'éducation politique de la jeune génération, propager les idées de liberté et approfondir a question compliquée d'une réforme radicale et complète du gouvernement russe. Loin de s'en tenir à la théorie, ils s'organisaient en même temps de manière à profiter de la première circonstance favorable pour ébranler le pouvoir impérial. Tout ce qu'il y avait de distingué dans la jeunesse russe, de jeunes militaires comme Pestel, Fonvisine, Narychkine, Iouchnefski, Mouravioif, Orloff, les littérateurs les plus aimés comme Ryléietf et Bestoujelf; des descendants des-familles les plus illustres, comme les princes Obolénski, Troubetzkoï, Odoïefski, Voikonski, le comte Tchernychoff, s enrôlèrent avec empressement dans cette première phalange de l'émancipation russe. Cette société prit d'abord le nom d'Alian-ce du Bien-Etre.

Chose étrange, en même temps que ces jeunes gens ardents, pleins de foi et de vigueur, juraient de renverser l'absolutisme a Pétersbourg, l'empereur Alexandre jurait de river la Russie aux monarchies absolutistes de l'Europe. Il venait de former la célèbre Sainte-Alliance, alliance mystique, inutile, impossible, quelque chose dans le genre d'un Gruttly absolutiste,d'un Tugendbund formé par trois étudiants couronnés, parmi lesquels Alexandre jouait le rôle de tête chaude.

Les uns et les autres ont tenu leurs serments; les uns en allant mourir au gibet ou aux travaux forcés pour leurs idées; Alexandre en laissant la couronne à son frère Nicolas.

Les dix années qui s'écoulèrent depuis la rentrée des troupes jusqu'en 1825, forment l'apogée de l'époque de Pétersbourg. La Russie de Pierre Ier se sentait forte, jeune, pleine d'espérance. Elle pensait que la liberté pouvait s'inoculer avec la même facilité que la civilisation, et oubliait que celle-ci n'avait pas encore dépassé la surface et n'appartenait qu'à une très petite minorité. Cette minorité était en vérité développée au point qu'elle ne pouvait rester dans les conditions provisoires du régime impérial.


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