Simenon, Georges - Maigret et son mort
На сайте mybooks.club вы можете бесплатно читать книги онлайн без регистрации, включая Simenon, Georges - Maigret et son mort. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно,. Доступна полная версия книги с кратким содержанием для предварительного ознакомления, аннотацией (предисловием), рецензиями от других читателей и их экспертным мнением.
Кроме того, на сайте mybooks.club вы найдете множество новинок, которые стоит прочитать.
Simenon, Georges - Maigret et son mort краткое содержание
Maigret et son mort читать онлайн бесплатно
— Et ça... ? cria-t-il en le jetant dans les jambes du patron. Cela n’a pas de nom non plus ?... Et ça ?... Et ça ?...
Il attrapait un veston, une chemise sale au fond du placard, un autre soulier, une casquette.
— Et ça.
Il passait dans la pièce voisine, désignait deux valises dans un coin.
— Et ça ?
Du fromage sur un papier gras, des verres, quatre verres, des assiettes, avec encore des restes de charcuterie.
— Ils étaient inscrits sur ton livre, tous ceux qui habitaient ici ? Hein ? Réponds ! Et, d’abord, combien étaient-ils ?
— Je ne sais pas.
— Est-ce que cette femme parle le français ?
— Je ne sais pas... Non !... Elle comprend quelques mots...
— Depuis combien de temps est-elle ici ?
— Je ne sais pas.
Il avait un vilain furoncle bleuâtre dans le cou, l’air malsain, le cheveu rare. Son pantalon, dont il n’avait pas passé les bretelles, lui glissait sur les hanches, et il le retenait à deux mains.
— Quand est-ce que ça a commencé ?
Maigret désignait la femme.
— On ne m’avait pas prévenu...
— Tu mens !... Et les autres ? Où sont-ils ?
— Sans doute qu’ils sont partis...
— Quand ?
Maigret marchait vers lui, dur, les poings serrés. Il était capable, à ce moment, de frapper.
— Ils ont filé tout de suite après que le type a été descendu dans la rue, avoue-le ! Ils ont été plus malins que les autres. Ils n’ont pas attendu que les barrages de police soient en place.
Le patron ne répondait pas.
— Regarde ceci, avoue que tu le connais !
Il lui fourrait sous le nez la photographie de Victor Poliensky.
— Tu le connais ?
— Oui.
— Il vivait dans cette chambre ?
— À côté.
— Avec les autres ?... Et qui couchait avec cette femme ?
— Je vous jure que je n’en sais rien. Peut-être qu’ils étaient plusieurs…
Lucas remontait. Presque aussitôt on entendait dehors la sirène de l’ambulance. La femme eut un cri arraché par la douleur, mais aussitôt elle se mordit les lèvres et regarda les hommes avec défi.
— Écoute, Lucas, j’ai encore pour un bon moment ici. Tu iras avec elle. Tu ne la quitteras pas. Je veux dire que tu ne quitteras pas le couloir de l’hôpital. J’essayerai tout à l’heure de dénicher un traducteur tchèque.
D’autres locataires qu’on emmenait descendaient pesamment l’escalier, se heurtaient aux infirmiers qui montaient avec la civière. Tout cela, dans la mauvaise lumière, avait un air fantomatique. Cela ressemblait à un cauchemar, mais un cauchemar qui aurait senti la crasse et la sueur.
Maigret préféra passer à côté pendant que les infirmiers s’occupaient de la jeune femme.
— Où la conduis-tu ? demanda-t-il à Lucas.
— À Laennec. J’ai téléphoné à trois hôpitaux avant de trouver de la place.
Le patron de l’hôtel n’osait pas bouger et regardait le plancher d’un œil lugubre.
— Reste ici. Ferme la porte ! lui commanda Maigret quand le terrain fut libre. Et, maintenant, raconte.
— Je ne sais pas grand-chose, je vous jure.
— Ce soir, un inspecteur est venu et t’a montré la photo. Est-ce exact ?
— C’est exact.
— Tu as déclaré que tu ne connaissais pas le type.
— Pardon ! J’ai dit qu’il n’était pas client de l’hôtel.
— Comment ça ?
— Il n’est pas inscrit, ni la femme. C’est un autre qui est inscrit pour les deux chambres.
— Depuis combien de temps ?
— Environ cinq mois.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Serge Madok.
— C’est le chef ?
— Le chef de quoi ?
— Je vais te donner un bon conseil : ne fais pas l’idiot ! Sinon, nous irons poursuivre cette conversation ailleurs, et demain matin la boîte sera bouclée. Compris ?
— J’ai toujours été régulier.
— Sauf ce soir. Parle-moi de ton Serge Madok. Un Tchèque ?
— C’est ce qui est inscrit sur ses papiers. Ils parlent tous la même langue. Ce n’est pas du polonais, car j’ai l’habitude des Polonais.
— Quel âge ?
— Une trentaine d’années. Au début, il m’a dit qu’il travaillait en usine.
— Il travaillait réellement ?
— Non.
— Comment le sais-tu ?
— Parce qu’il restait ici toute la journée.
— Et les autres ?
— Les autres aussi. Il n’y en avait jamais qu’un à la fois qui sortait. Le plus souvent, c’était la femme, qui allait faire le marché rue Saint-Antoine.
— Qu’est-ce qu’ils fabriquaient du matin au soir ?
— Rien. Ils dormaient, mangeaient, buvaient, jouaient aux cartes. Ils étaient assez tranquilles. De temps en temps, ils se mettaient à chanter, mais jamais la nuit, de sorte que je n’avais rien à dire.
— Combien étaient-ils ?
— Quatre hommes et Maria.
— Et les quatre hommes... avec Maria ?
— Je ne sais pas.
— Tu mens ! Parle.
— Il se passait quelque chose, mais je ne sais pas au juste quoi. Il leur arrivait de se disputer, et j’ai cru comprendre que c’était à cause d’elle. Plusieurs fois, je suis entré dans la chambre de derrière, et ce n’était pas toujours le même qui manquait.
— Celui de la photo, Victor Poliensky ?
— Je crois. Cela a dû lui arriver. En tout cas, il était amoureux…
— Qui était le plus important ?
— Je crois que c’est celui qu’ils appelaient Cari. J’ai entendu son autre nom, mais c’est si compliqué que je n’ai jamais pu le prononcer et que je ne l’ai pas retenu.
— Un instant.
Maigret tirait de sa poche son calepin de blanchisseuse, mouillait son crayon comme un écolier.
— D’abord la femme, que tu appelles Maria. Puis Cari. Puis Serge Madok, au nom de qui étaient les deux chambres. Victor Poliensky, celui qui est mort. C’est tout ?
— Il y a encore le gamin.
— Quel gamin ?
— Je suppose que c’est le frère de Maria. En tout cas, il lui ressemble. Je l’ai toujours entendu désigner sous le nom de Pietr. Il doit avoir seize ou dix-sept ans.
— Il ne travaille pas non plus ?
Le patron hocha la tête. Comme Maigret avait ouvert la fenêtre pour aérer les chambres – mais l’air de la rue empestait presque autant que celui de l’hôtel – il avait froid, sans veston, et commençait à grelotter.
— Aucun ne travaille.
— Pourtant, ils dépensaient beaucoup d’argent ?
Maigret désignait un tas de bouteilles vides dans un coin, parmi lesquelles il y avait des bouteilles à Champagne.
— Pour le quartier, ils dépensaient beaucoup. Cela dépendait des moments. Il y eut des périodes pendant lesquelles ils devaient se serrer la ceinture. C’était facile à voir. Quand le gamin faisait plusieurs voyages avec les bouteilles vides qu’il allait revendre, c’est que les fonds étaient bas.
— Personne ne venait les voir ?
— Peut-être est-ce arrivé.
— Tu tiens à venir continuer cette conversation quai des Orfèvres ?
— Non. Je vous dirai tout ce que je sais. Deux ou trois fois, on est venu pour eux.
— Qui ?
— Un monsieur. Quelqu’un de bien habillé.
— Il est monté dans la chambre ? Qu’est-ce qu’il t’a dit en passant au bureau ?
— Il n’a rien demandé. Ils devait savoir quel étage ils habitaient. Il est monté directement.
— C’est tout ?
Le mouvement, dehors, s’était calmé peu à peu. Des lumières s’étaient éteintes aux fenêtres. On entendait encore les pas de quelques agents qui faisaient une dernière ronde, sonnaient à quelques portes.
L’officier de police monta l’escalier.
— J’attends vos ordres, monsieur le commissaire. C’est fini. Les deux voitures sont pleines.
— Elles peuvent partir. Voulez-vous dire à deux de mes inspecteurs de monter ?
Le tôlier geignit :
— J’ai froid.
— Et, moi, j’ai trop chaud.
Seulement, il n’aurait voulu poser son pardessus nulle part dans cette maison poisseuse.
— Tu n’as jamais rencontré ailleurs l’homme qui est venu les voir ? Tu n’as jamais vu non plus sa photo dans les journaux ? Ce n’était pas celui-ci ?
Il montra la photographie du petit Albert, qu’il avait toujours en poche.
— Il ne lui ressemble pas. C’est un bel homme, très élégant, avec des petites moustaches brunes.
— Quel âge ?
— Peut-être trente-cinq ans ? J’ai remarqué qu’il portait une grosse chevalière en or.
— Français ? Tchèque ?
— Sûrement pas Français. Il leur parlait leur langue.
— Tu as écouté à la porte ?
— Cela m’arrive. J’aime savoir ce qui se passe chez moi, vous comprenez ?
— Surtout que tu n’as pas dû être long, toi, à comprendre.
— À comprendre quoi ?
— Tu me prends pour un idiot, oui ? Qu’est-ce qu’ils font, les types qui s’embusquent dans une taule comme celle-ci et qui ne cherchent pas de travail ? De quoi vivent-ils ? Réponds !
— Cela ne me regarde pas.
— Combien de fois se sont-ils absentés tous ensemble ?
L’homme rougit, hésita, mais le regard de Maigret l’inclina à un peu de sincérité.
— Quatre ou cinq fois.
— Pour combien de temps ? Une nuit ?
— Comment savez-vous que c’était la nuit ? D’habitude, c’était une nuit. Une fois, pourtant, ils sont restés dehors deux jours et deux nuits, et j’ai même pensé qu’ils ne reviendraient pas.
— Tu as pensé qu’ils s’étaient fait prendre, n’est-ce pas ?
— Peut-être.
— Qu’est-ce qu’ils te donnaient en rentrant ?
— Ils me payaient le loyer.
— Le loyer d’une seule personne ? Car, en somme, il n’y avait qu’une seule personne inscrite.
— Ils me donnaient un peu plus.
— Combien ? Attention, mon bonhomme. N’oublie pas que je peux te boucler pour complicité.
— Une fois ils m’ont donné cinq cents francs. Une autre fois deux mille.
— Et ils se mettaient à faire la bombe.
— Oui. Ils allaient chercher des tas de provisions.
— Qui est-ce qui montait la garde ?
Cette fois, le trouble du tenancier fut plus violent, et il jeta machinalement un coup d’œil vers la porte.
— Ta boîte a deux issues, n’est-ce pas ?
— C’est-à-dire que, par les cours, en sautant deux murs, on arrive rue Vieille-du-Temple.
— Qui montait la garde ?
— Dans la rue ?
— Dans la rue, oui. Et je suppose qu’il y en avait toujours un à la fenêtre ? Quand Madok a loué, il a dû demander une chambre donnant sur la rue ?
— C’est vrai. C’est vrai aussi qu’il y en avait toujours un à traîner sur le trottoir. Ils se relayaient.
— Encore un petit renseignement : lequel d’entre eux t’a menacé de te faire ton affaire si tu parlais ?
— Cari.
— Quand ?
— La première fois qu’ils sont revenus après une absence d’une nuit.
— Comment as-tu su que la menace était sérieuse, que c’étaient des gens capables de tuer ?
— Je suis entré dans la chambre. Cela m’arrive souvent de faire ma ronde, sous prétexte de voir si l’électricité marche ou si on a changé les draps.
— On les change souvent ?
— Chaque mois. J’ai surpris la femme en train de laver une chemise dans la cuvette, et j’ai tout de suite vu que c’était du sang.
— La chemise de qui ?
— D’un des hommes, j’ignore lequel.
Deux inspecteurs attendaient le bon plaisir de Maigret sur le palier.
— Il faudrait qu’un d’entre vous aille téléphoner à Moers. Il doit dormir, à l’heure qu’il est, à moins qu’il soit à terminer son travail. S’il n’est pas au Quai, qu’on l’appelle chez lui. Qu’il vienne ici avec son attirail.
Indifférent au tenancier, il allait et venait maintenant dans les deux chambres, ouvrant une armoire, un tiroir, donnant un coup de pied dans un tas de linge sale. Sur les murs, le papier peint n’avait plus de couleur et se décollait par endroits. Les lits de fer étaient noirs, lugubres, les couvertures d’un vilain gris de caserne. Tout était en désordre. Au moment de leur fuite, les locataires avaient dû ramasser en hâte le plus précieux, mais ils n’avaient rien osé emporter d’encombrant par crainte d’attirer l’attention.
— Ils sont partis tout de suite après le coup de feu ? questionna Maigret.
— Tout de suite.
— Par devant ?
— Par les cours.
— Qui était dehors à ce moment-là ?
— Victor, bien entendu. Puis Serge Madok.
— Lequel est descendu au téléphone ?
— Comment savez-vous qu’on a téléphoné ?
— Réponds !
— On les a appelés vers quatre heures et demie, c’est exact. Je n’ai pas reconnu la voix, mais c’était quelqu’un qui parlait leur langue et qui a simplement dit le nom de Cari. J’ai prévenu celui-ci. Il est descendu. Je le revois dans mon bureau, furieux, faisant des gestes rageurs. Il criait très fort dans l’appareil. Quand il est remonté, il s’est remis à jurer et à tempêter, puis, presque tout de suite après, Madok est descendu.
— C’est donc Madok qui a tué son camarade.
— C’est fort possible.
— Ils n’ont pas essayé d’emmener la femme ?
— Je leur en ai parlé quand ils sont passés dans le corridor. Je me suis douté que tout cela m’amènerait du vilain. J’aimais autant qu’ils disparaissent tous. J’ignorais qu’elle allait accoucher si vite. Je suis monté et je lui ai dit de s’en aller comme les autres. Elle était couchée. Elle me regardait tranquillement. Vous savez, elle comprend beaucoup plus de français qu’elle ne veut en avoir l’air. Elle ne s’est pas donné la peine de répondre, mais, à un moment donné, elle a été prise de douleurs, et j’ai compris.
— Toi, mon petit, dit Maigret à l’inspecteur qui était resté, tu vas attendre l’arrivée de Moers. Ne laisse personne entrer dans les deux pièces, surtout ce singe-ci. Tu es armé ?
Le policier montra le revolver qui gonflait la poche de son veston.
— Que Moers s’occupe d’abord des empreintes. Puis qu’il emporte tout ce qui pourrait nous fournir une indication. Ils n’ont laissé aucun papier derrière eux, évidemment. Je m’en suis assuré.
De vieilles chaussettes, des caleçons, un harmonica, une boîte avec fil et des aiguilles, des vêtements, plusieurs paquets de cartes à jouer, de petits personnages taillés au couteau dans un bois tendre...
Il descendait l’escalier sur les talons du patron, qu’il faisait marcher devant lui. Ce qu’on appelait le bureau était une pièce minuscule, mal éclairée, pas aérée du tout, où il y avait un lit de camp et une table avec un réchaud et des restes de repas.
— Je suppose que tu n’as pas noté les dates auxquelles les lascars se sont absentés ?
— Très vite l’homme répondit par la négative.
— Je m’en doutais. Cela ne fait rien. Tu as jusqu’à demain matin pour te souvenir. Tu entends ? Demain matin, je viendrai ici ou je te ferai chercher pour venir me voir à mon bureau. À ce moment-là, il me faudra les dates, les dates exactes, pèse bien ces mots. Faute de quoi, je serai au regret de te boucler.
Похожие книги на "Maigret et son mort", Simenon
Simenon читать все книги автора по порядку
Simenon - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки mybooks.club.